Le village actuel de Corbère les Cabanes

Promenade dans le village

Son histoire

Le nom " Les Cabanes " ou plutôt " La Cabana " provient d'une auberge appartenant au seigneur de Corbera située le long du Cami Réal. La première mention de cette auberge remonte à l'année 1445 et indique qu'elle était la propriété du seigneur Carles d'Oms. Elle était tenue par un certain Nicolas Roger. 
Cette auberge aura une très longue vie car elle ne sera détruite qu'en 1987 pour installer un parking.

Il est difficile de dater le développement du hameau de Corbère les Cabanes ( peut-être au XIVeme siècle ). Pour cela il faudrait dater l'église plusieurs fois remaniée, mais les textes sont muets jusqu'au XVIIeme.  En effet en 1629, on note dans la chapelle Sainte Madeleine, le baptême d'une cloche. 
On parle de chapelle car le hameau n'est pas encore une paroisse. Il est, à cette date, rattaché à la paroisse de Corbère. 

C'est en mai 1856, après de longues et douloureuses péripéties, que Corbère les Cabanes devient commune indépendante et se sépare de Corbère.  

 

Source : revue d'Ille et d'ailleurs N° 12

L' ostal

Les pommes de la discorde

Les deux hameaux sont à l'évidence deux entités différentes. Séparés géographiquement, ils sont unis que par la volonté du seigneur d'avoir un vaste domaine.  Mais des rivalités existent, les querelles se multiplient. Chaque village met un malin plaisir à freiner le développement de l'autre. Les jeunes s'affrontent au ravin de la Coume.

Ce sont souvent des histoires d'églises qui font l'objet de conflits. Par exemple en 1776, les gens des Cortals désirent construire une église et un cimetière dans leur hameau. En effet, ils doivent se rendre à l'église St Pierre de Corbère de Dalt pour les offices religieux et au cimetière de St Pierre del Bosc pour enterrer leurs morts. Les représentants des Cabanes s'y opposent aux motifs qu'il y a assez de deux églises ( Les Cabanes et St Pierre ) mais surtout qu'ils ont réparé par leurs propres moyens le toit de leur église !
Mais les habitants des Cortals ne sont pas en reste : en 1800 le maire veut interdire au curé Blaise Serradell de célébrer la messe aux Cabanes...
En 1847 le maire refuse que les travaux d'entretien de l'église des Cabanes, soient financés par la municipalité.
En 1856, avant la séparation, le conseil municipal refuse la construction de deux ponts et l'élargissement de la route du village d'en bas...  

 

Bref la séparation semble inéluctable.

 

Source : revue d'Ille et d'ailleurs N° 12
 

Vers la séparation

Devant ces difficultés, le souhait des habitants des Cabanes est que leur hameau devienne une commune indépendante. Ils rédigent une série de pétitions faisant part de leurs griefs qu'ils adressent au préfet. C'est celle du 16 juillet 1837 qui restera lettre morte.
Nouvelle pétition le 31 janvier 1843 mais la préfecture ne donne pas suite.
Le 9 octobre 1848 cinquante cinq propriétaires des Cabanes rédigent une pétition envoyée au préfet. Ils y expriment que le nombre d'habitants ( 516 ) est suffisant pour fonder une commune, que la disposition géographique permet une séparation administrative, que leurs intérêts sont souvent sacrifiés. Cela est d'autant plus injuste que le hameau est le plus riche des trois entités et paie le plus d'impots.  
Dans cette pétition on peut entr'autre, lire que le hameau des Cabanes participe à l'entretien :
- de l'horloge à Corbère de Dalt mais n'entend pas le son...
- de l'église et du presbytère mais possède à sa charge, sa propre église et presbytère...
- paye un l'instituteur communal installé aux Cortals mais aussi un maître particulier pour ne pas envoyer ses enfants à une demi-lieue de là...
Le préfet semble favorable à la séparation. Une commission est crée, une enquête administrative est menée, en janvier 1849 le Conseil Général émet un avis favorable...pourtant le 5 septembre le ministère de l'intérieur déclare le dossier sans suite !

En 1855 la procédure est reprise et cette fois les choses ne traînent pas, le 14 mai est votée la loi qui fait enfin de Corbère les Cabanes une commune à part entière. Son premier maire sera Joseph Cubry-Modat.   

 

Source : revue d'Ille et d'ailleurs N° 12

 

Qui habitait à Corbère les Cabanes en 1769 ?

Chefs de famille a cc

 

 

 

Les maires de Corbère les Cabanes depuis la naissance de la commune


( Cliquez sur le lien)

 

MAIRES DE CORBERE LES CABANESMAIRES DE CORBERE LES CABANES (218.04 Ko)

 

La route de Corbère les Cabanes

Ce qui a fait le développement de cette commune sous l'ancien régime, c'est qu'elle était située sur le ''Cami Réal'' route qui joignait Perpignan à la Cerdagne. 

Malheureusement, une nouvelle route réalisée en 1845 a modifié le tracé de cette liaison Perpignan Cerdagne en passant par Millas, Néfiach et Ille. Ceci au détriment de Corbère les Cabanes. 
De ce fait, on négligea l'entretien de la N116. Déjà en 1791, le maire Simon Ponsich, signalait le mauvais état de la route. Cette route etait régulièrement inondée à cause de la proximité du canal.  Au moment des pluies on s'embourbait et en hiver on patinait sur la glace. 
La traversée du village n'était pas facilitée par l'étroitesse de la rue côté Corbère. Les nouvelles constructions à cette sortie du village, datant de 1840, ne se souciaient plus d'alignement sachant qu'avec la nouvelle nationale, la circulation serait fortement réduite.  Certes les habitants de Corbère les Cabanes réagirent, mettant en avant les risques que feraient courir au nouveau tracé les crues de la Têt et du Boulès. Leurs arguments restèrent sans effet.

Heureusement, la situation de Corbère les Cabanes retrouvera son importance avec la création en 1858, du Chemin de Grande Communication N°2, de Céret à Ille en passant par Thuir et Corbère les Cabanes. 

Aujourd'hui sur cet axe de communication, grâce à la bretelle de contournement du village, le flot de la circulation automobile se fait sans traverser le village qui a ainsi gagné en sérénité. 

 

Source : revue d'Ille et d'ailleurs N° 12

Plan du village aujourd'hui

 

Plan du village de Corbère les Cabanes

Une habitante de Corbère les Cabanes nous parle du village de sa jeunesse. Cliquez sur ce bandeau pour retrouver Josi née Parés évoquer ses souvenirs.

Je suis née à Corbère les Cabanes. J'y ai passé une enfance et une jeunesse heureuses. Avec les années et le modernisme, je dois reconnaître que mon village a changé. Du plus profond de ma mémoire, je me souviens par exemple, des nombreux commerçants qui animaient, à cette époque, le village. C'était bien avant les années soixante-dix.

Dans la rue principale, à la sortie du village côté Ille, se trouvait le garage de M. Trinchet qui assurait la ligne de cars de Perpignan à Corbère. En ces temps, les voitures personnelles étaient rares. M. Trinchet nous conduisait aussi, lorsque nous nous rendions en car aux traditionnels pélerinages de la Trinité et de Villefranche. Nous partions pour la journée avec le panier garni. Ces rassemblements étaient une sortie magnifique.

A côté de l'entreprise Trinchet il y avait un apiculteur. Il s'agissait de M. Coubry. Ensuite, en avançant dans le village, existait un bourrelier, M. Pontou et à côté de lui un boulanger trés dévoué; c'était M. Soucurat. En face d'eux exercait une sage-femme, Mme Brial. A l'angle de la rue du Maréchal Llautey s'ouvrait un boucher charcutier : M. Grando qui fabriquait saucisses et boudins de grande qualité. On venait depuis Camelas acheter sa marchandise. C'est lui qui tuait le cochon dans les familles. On voit encore dans la rue Llautey l'enseigne de ce commerce sur le mur.

Toujours en remontant la rue principale, l'épicerie était tenue par Mme Rouget, la maman de l'actuelle propriétaire, Nadine Fernandez. C'est la troisième génération qui occupe ce commerce. Juste à côté il y eut M. Bonafos, menuisier du village.

En arrivant sur la place se tenaient deux cafés. L'actuel était occupé par Mme Bonafos et presque face à lui, un café aujourd'hui disparu, celui de M. Bonecase.  Sur la place, le boulanger était M. Pull; je l'entendais en été, dès les premières heures de la nuit, tirer de l'eau à la fontaine pour pétrir son pain.

Après la place se succédaient trois commerces : l'épicerie de Mme Doutre, M. Planeille qui était forgeron et ensuite le commerce de mes grands-parents M. et Mme Radondy, grainetiers. Mes parents l'ont tenu à leur suite. La salle des fêtes d'aujourd'hui était alors la mairie de Corbère les Cabanes. Plus loin, le berger Coste et presque en face, un poste d'essence manuel occupait par Mlle Pons. Le docteur Fuguet y avait ensuite, installé son premier cabinet. Le garage Chuster ouvrait lui aussi à cette période des années soixante dix. En ce temps là, la poste du village se trouvait en face de la rueVoltaire. Je garde en mémoire le nom de M. Dumont, receveur des postes, si populaire et dynamique, qui nous organisait voyages et sorties en car. 

Dans les rues de la citadelle on trouvait un plombier, M. Rutemback et un vacher, M. Sahari. En remontant la rue du moulin, il y avait un boucher, un mécanicien, M. Lelièvre et en face M. Llagone, entrepreneur de maçonnerie. C'est lui qui, fin des années soixante, couvrit le ruisseau qui est maintenant devenu la rue Pomarola. Je n'oublie pas M. Buryhoffer, coiffeur, qui s'occupait également de la mutuelle La Roussillonnaise. Enfin dans cette rue, le berger M. Laforgue menait son troupeau.

La grande majorité des gens travaillait dans les champs. Il s'agissait de cultures maraichères, notamment des champs de salades qui se vendaient bien. Un expéditeur venait spécialement de Moissac pour les ''acheter à l'oeil" c'est à dire sur pied. Il les transportait ensuite dans sa région.

Notre vie était bien différente. Il n'y avait pas le même confort dans nos maisons. Nous lavions le linge dans l'eau du ruisseau qui n'était pas encore couvert. Nous nous retrouvions au lavoir situé à l'endroit de notre mairie. Puis, partions rincer et sécher le linge à la rivière. Pour tirer de l'eau potable, il existait trois fontaines. Une en haut de la citadelle, l'autre rue Maréchal Joffre et la troisième rue du Moulin. On peut encore voir le bassin de ces dernières. En ce temps là nous marchions beaucoup. Par exemple, pour chercher le lait route de Néfiach au mas de Mme Coste, nous longions à pied le ruisseau de Thuir.

Le 22 juillet, pour la fête du village, les jeunes partaient en camionnette cueillir du buis pour décorer l'estrade des musiciens et la place. Je me souviens avec amusement des pompiers qui nettoyaient, pour ces festivités, les rues avec leurs lances incendie. Quel évènement !

De même à Noêl était organisé une grande rifle ou l'on gagnait volailles et filets garnis. Elle se déroulait "chez Ponsic" et avait un tel succés que la salle était trop petite. On trouvait des joueurs dans l'escalier et même dans la salle à manger de Mme Bonafos qui tenait le café. Il avait beaucoup d'ambiance surtout au moment du lot de consolation : on annonçait un canard comme gain. Dans l'amusement général, l'heureux gagnant se voyait remettre une cocotte en fonte contenant un verre de liqueur...le fameux canard !

La vie d'avant a disparu, le village s'est agrandi. Il reste des commerçants comme l'épicerie, le café, la boulangerie. D'autres artisans se sont installés, tous par leur accueil et dévouement continuent d'animer ma commune. Ils facilitent la vie, rendent le service attendu par les habitants et de nouvelles générations viennent s'installer et vivre à Corbère les Cabanes.  

  

Contrebandiers faisant halte à l'auberge de Corbère les Cabanes

Au XVIIIeme siècle la contrebande du sel et du tabac est prospère en Catalogne. Le sel, denrée vitale pour la population fait l'objet d'une fiscalisation élevée. ( Cela entraînera la révolte des Angelets dans le Vallespir et le Conflent ).

Le tabac est lui aussi fortement taxé. Chacun fume ou chique dans la population. On prêtait des vertus médicinales au tabac dont la fumée purifierait les poumons. Le trafic de cette denrée est très lucratif. On achète illégalement à Marseille ou Gênes du tabac venu du Brésil; par voie maritime il est acheminé dans les ports de la côte rocheuse. Collioure, Port-Vendres et surtout Banyuls sont des points d'entrée. Le tabac est ensuite acheminé par caravanes discrètes le long des chemins muletiers vers l'Espagne ou vendu  dans les villages de la plaine et du Conflent. 

Pour lutter avec plus ou moins de réussite contre le trafic, les employés des Fermes du Roi ( La Ferme levait les impots pour le tresor royal ) sont parfois aidés de militaires. Le métier n'est pas sans risques, les contrebandiers sont armés et n'hésitent pas à faire feu pour protéger leur chargement. Un fait divers de ce type se passa  le 20 novembre 1769 à l'auberge de la Cabane.

Une bande de contrebandiers faisait halte avec leur chargement à l'Auberge. Ils y sont surpris par trois employés des Fermes et huit soldats du Régiment de Champagne cantonné à Thuir. Les contrevenants réussissent à s'enfuir par portes et fenêtres, sans doute un peu aidés par quelques locaux. Ils laissent sur place deux mulets et un cheval chargés de 620 livres de tabac ainsi qu'une espèce de carabine.  Prenant la route de Millas avec ce butin, militaires et douaniers s'aperçoivent qu'ils sont suivis par la bande de contrebandiers qui veulent reprendre la marchandise saisie. Des coups de feu seront échangés et dans la fusillade un des soldats sera blessé.  

Comme on le voit, nos villages d'apparence si tranquilles, n'étaient pas épargnés par la prohibition qui pouvait engendrer intimidation et violence.

Sources : Contrebandiers Mutins Fiers-à-bras par Michel BRUNET édition Trabucaire

Premières photos du village ( début du XXeme )

Le canal ( aujourd'hui couvert ) traversant le village 

 

Le canal d'en C.C.

La place et la rue principale

 

La place et la rue principale

Cartes postales anciennes du village de Corbère les Cabanes ( Collection Y. Hubach )

 

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CARTES POSTALES ANCIENNES CORBERE LES CABANES

Devant l'école

 

Devant l'école

La place

 

La place

Le village avant son expansion

 

Le village avant son expansion

L'église Sainte Marie-Madeleine

C'est un édifice rectangulaire qu'il est difficile de dater. On sait qu'elle existait en 1629 puisqu'on y a, le 22 juillet, baptisé une cloche. Dédiée à Ste Marie Madeleine, elle eut longtemps le statut de chapelle, la paroisse étant Corbère. Le 19 mai 1616 le révérend Barbat, visiteur nommé par l'évêque d'Elne, permit de dire la messe pour les malades et infirmes dans l'église des Cabanes. En 1847 elle devint succursale et obtint le titre de paroisse seulement à partir de la séparation des communes.

Son clocher date de 1882.  Le retable peut-être daté du milieu du XVIIeme siècle. Il a été réalisé par Trémulas. Il ne comporte qu'un étage. La niche centrale est occupée par une statue de Marie-Madeleine datant du XVII eme. Les deux autres niches sont occupées par les statues de St Joseph et la Vierge du Rosaire.

Au sommet de retable on voit deux statues de la fin du XVIIeme siècle. L'une à droite, représente Madeleine échevelée et l'autre à gauche, Ste Cécile patronne des musiciens. Cette dernière statue peut laisser penser que Corbère les Cabanes aurait eu un lien avec l'ancien village médiéval de Rellà...

Cet ancien village disparu, était situé au nord-est de la mairie de Camélas. Il ne reste aucun vestige de son église Ste Cécilia et de son autel dédié à St Front ( évêque de Périgueux ). Ce qui peut paraître curieux c'est que les Cabanes ont conservé le souvenir de cette sainte et que le cimetière soit appelé ''cementeri de Sant Front'' dans plusieurs actes de sépultures...  

Source : revue d'Ille et d'ailleurs N° 12

 

L'église et le nouvel aménagement à l'entrée du village
 
 
 
 
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